Dans cet article, je vous propose de réfléchir à la place que peut prendre la formation dans votre business model. Nous allons voir comment rentabiliser son savoir-faire en le partageant. Attardons nous d'abord sur l’évolution du besoin en formation.

Le besoin de formation, l'acquisition de compétences

Le digital vit un nouvel âge d’or depuis les années 2008 avec l’arrivée des premiers smartphones. Cet âge d'or semble être la résultante d'une acculturation numérique qui s'accélère depuis et a fait un bond en avant avec la crise du Covid.

Les étudiants ont fait des cours en distanciel, les enseignants ont donné des cours en distanciel, les entreprises ont appris à s'organiser avec le télétravail (les visioconférences, les outils de travail collaboratifs, le cloud), on a même fait des apéro skype et les grands parents sont à l'aise avec Whatsapp pour avoir des nouvelles des petits enfants. Ce qui s'est amorcé avec l'arrivé des smartphones s'est démocratisé dans les 3 dernières années avec la crise Covid. Le digital fait partie de notre quotidien et cela a une incidence sur le rapport au savoir.

Quand on ne connait pas un mot, on cherche sur les moteurs de recherche, quand on ne sait pas comment réaliser un bricolage, on cherche sur Youtube.

Le rapport au savoir des internautes et mobinautes a changé. Internet fournit des contenus gratuits de qualité.

Cet accès au savoir et aux interactions avec des communautés sur les réseaux sociaux ouvre le champs des possibles pour les personnes qui veulent changer de métier, apprendre une nouvelle technique, s'améliorer dans leurs pratiques.

Mais qu'en est-il quand il s'agit d'acquérir un savoir-faire ? Ou quand un internaute est dans une démarche de développement personnel ?

souvenir d'un séminaire avec Elliott Kesseler

Bien que le savoir soit en grande partie disponible gratuitement, le fait de rechercher des contenus de qualité peut devenir compliqué et chronophage. Choisir des contenus de qualité, adaptés à son mode de fonctionnement n'est pas si simple. Quand à acquérir un savoir-faire, c'est-à-dire mettre en application un savoir et l'enrichir de son expérience, cela peut devenir un vrai casse-tête lorsqu'on est seul.

Qui n'a jamais raté une recette de cuisine notée simple sur marmiton ? En tout cas moi ça m'arrive. Avoir Marmiton ne fait pas de moi un chef cuisinier.

Pour acquérir un savoir-faire, la méthode la plus efficace est de suivre une formation avec un vrai professionnel. La formation avec des vrais professionnels est alors une solution pour ne plus perdre de temps. Cela constituera une bases solides pour pouvoir construire sa propre expérience après.

Des programmes de formation avec des formateurs coachs qui guident les apprenants sur la base de leurs propres expériences ont vu le jour sur le web.

Si ces formations permettent d'avoir une certification, un diplôme qui sera valorisable sur un CV c'est encore mieux, non ?

La formation, nouvelle méthode de prospection ?

En quoi la formation peut-elle devenir une nouvelle méthode de prospection ? Regardons de plus près.

Dans la prospection commerciale, pour conclure une vente, il faut créer et entretenir une relation commerciale. Cette bonne relation est nécessaire également pour fidéliser les clients. Comment faire ?

  • il faut avoir brisé la glace et installer un climat de confiance mutuelle pour favoriser la discussion franche et ouverte.
  • il faut maintenir la relation en relançant, en faisant des points ou simplement en maintenant des échanges courtois. Les aficionados du "content marketing" vous diront que le partage régulier de contenus et de conseils vont permettre de travailler cet attachement à la marque ou votre réputation personnelle.

Lorsque vous animez une formation, vous créez une situation de partage. On partage des méthodes, des outils, des connaissances, de l'expérience. C'est également une moment d'échange entre le formateur et les apprenants et entre les apprenants eux-même. C'est une expérience humaine.

Souvenir de formation

J'enseigne depuis plusieurs années et j'ai formé de nombreux clients. J'ai animé également de nombreux ateliers dans l'industrie, parfois sur plusieurs jours. J'ai remarqué que dans ces ateliers, si on brise bien la glace et que le groupe est concentré sur l'acquisition de compétence et d'expérience, la part partage d'expérience renforce la cohésion du collectif. Ce partage d'expérience est l'occasion d'apprendre à mieux se connaître les uns les autres. Le partage de nos vécus, difficultés, méthode contribue à identifier les schémas de fonctionnement personnels des participants.

Les limites entre le professionnel et le personnel s'amenuisent au fur et à mesure qu'on approfondit les sujets (notamment sur les sujets difficiles, les choix difficiles à faire parfois en entreprises).

Si comme moi, à la fin de chaque session, vous ressentez un véritable pincement au cœur au moment de vous séparer des stagiaires, vous avez également expérimenté les rapports forts que l’on peut créer avec la formation. Et j'ai remarqué que l’on peut créer de vraies relations qui peuvent durer dans le temps.

Souvenir de formation à l'iut QLIO avec des élèves inoubliables

Mais quelle posture le formateur doit-il adopter ? C'est une question que je me suis souvent posé.

Pour les apprenants, le formateur est vu comme la personne qui sait, ce qui, dans la plupart des cas, est vrai.

Une sorte d’illusion se crée, conférant au formateur une expertise ressentie plus importante que son expertise réelle.

Avez-vous, comme moi, déjà vu des formateurs abuser de cette posture en racontant des énormités face à un public conquis ? Cette bizarrerie s’explique par des biais cognitifs connus

  • le biais d'autorité : il est formateur, il a raison
  • l’effet de primauté : c’est la première fois que j’entends cette information, c’est inédit, c’est exceptionnel
  • l’illusion de corrélation : les autres trouvent le formateur excellent, il l’est donc.

Ce n’est pas mon propos de dire d’utiliser ces biais pour vendre une formation alors qu’on n’a pas d’expertise. Non, j’y fais allusion car pour moi, face à l’augmentation du nombre de formations proposées, il faut connaître ces biais pour être critique sur le contenu des formations.

Personnellement quand je démasque cet abus chez un expert, celui-ci perd toute crédibilité. Je pense que c’est la même chose pour tous. Si vous souhaitez devenir formateur, soyez sûr d’animer des ateliers ou formations dont vous maîtrisez bien les sujets.

Ceci dit, si vous avez affaire à un véritable expert, il pourra vous montrer des cas pratiques d’utilisation des connaissances et vous pourrez vérifier son niveau de maîtrise, son expertise. Un formateur qui ne dit pas à un moment : “je ne sais pas”, n’est pas un formateur qui vous a poussé dans vos retranchements.

Un formateur expert parlera de cas concrets et pourra vous faire une démonstration d’une partie de son expertise sur un cas pratique.

La posture d'autorité n'est pas une fin en soit. J'ai notamment remarqué qu'en évitant de parler de mon parcours, de mon expérience en introduction des formations, j'arrive a créer plus d'interactivité dans les formations. J'explique le pourquoi de la formation, je m'assure que mes objectifs pédagogiques sont alignés avec les attentes de l'auditoire et je me lance. C'est mon style, je sais tenir un groupe sans avoir à expliquer ma légitimité.

Au cours de la formation, je peux revenir sur des expériences personnelles, cela suffit à assoir au fur et à mesure l'écoute et l'attention. Un fois que vous serez identifié comme une personne qui a de l'expérience, les apprenants penseront naturellement : "Si j'ai besoin d'un expert je ferai appel à lui pour une prestation."

Souvenir de formation avec Delphine Batoz de Anoe Training

C'est là qu'on comprend l'intérêt des formations comme un des mécanismes de la prospection commerciale. J’ai expérimenté ceci en devenant enseignant vacataire et je fus assez étonné d’avoir des demandes émanant d’anciens élèves.

Les avantages de la formation comme prestation

Les formations peuvent être dispensées en présentiel, distanciel, en groupe, en tête à tête selon votre métier. Elles peuvent donc être faciles à organiser.

Elles répondent à un besoin et sont donc faciles à vendre. La formation est une prestation intellectuelle qui a bonne presse, plus que le consulting ou le coaching (encore une bizarrerie).

Elles peuvent être financées. Pour devenir organisme de formation, vous devez passer la certification Qualiopi et vos formations pourront être prises en charge. Si vous n’êtes pas certifié Qualiopi, vous pouvez proposer vos services comme formateurs auprès d’un organisme de formation qui s’occupera de la partie administrative et de la prospection commerciale.

Elles sont l’occasion de prendre conscience de son propre savoir-faire. Oui, quand on a la tête dans le guidon depuis des années, on ne se rend plus compte du savoir-faire qu’on a.

souvenir de formation de 2017 (coupe de cheveux approximative) - j'ai encore des contacts avec les étudiants 

Elles sont une source de plaisir incroyable, si on aime transmettre et qu’on a en face de nous des personnes motivées à apprendre.

Alors, qu’attendez vous pour devenir formateur ? Attendez avant de vous lancer… voici la place que la formation peut prendre dans votre business model.

Place de la formation dans votre business model

Si on reprend l'exemple du business model de l’artisan forgeron présent dans le premier article de la série sur les business model (cf ci-dessus), et qu'on y ajoute la formation comme prestation, on voit qu'elle contribue à alimenter les acquisitions de prospect (cf ci-dessous). Dans l'exemple ci-dessous, j'ai imaginé que l'artisan forgeron propose ses services de formateurs à un organisme de formation. L'organisme lui apporte des sessions de formation. Les apprenants recommandent le formateur et certains peuvent faire appel à lui pour des réalisations.

Et la cerise sur le gâteau, vous êtes payés (un peu) pour alimenter votre business.

Conclusion

4, 3, 2, 1… vous avez pris conscience de ce que cela apporte ? Alors Go !

Ok, je fais une vraie conclusion. Il y a de nombreuses raisons qui peuvent vous motiver à faire des formations. Il y a des raisons qui doivent vous en dissuader. Ne devenez pas formateur si vous n'aimez pas transmettre. Ne devenez pas formateur si vous n'êtes pas assez à l'aise avec ce que vous pouvez transmettre (que vous êtes débutant par exemple). Ne devenez pas formateur pour devenir riche grâce à la formation (ca ne paie pas beaucoup et ça peut prendre du temps). Ne devenez pas formateur si vous n'aimez pas créer des relations humaines. Sinon, n'hésitez pas, c'est que du bonheur et ça a du bon pour votre business. Cela ne remplace pas la prospection, c'est plutôt un apport indirect pour votre business. La formation vous permettra de mettre en ordre votre savoir-faire, de vous questionner sur la manière de le transmettre efficacement et donc de l'expliquer facilement. Vous apprendrez beaucoup sur vous même en devenant formateur et prendrez conscience de votre valeur ajoutée. La formation mène à un cheminement personnel intéressant qui vous permettra de hiérarchiser les informations : Qu'est-ce qui est important ? Quelles sont les bases nécessaires pour aller plus loin ? Comment m'assurer que les apprenants ont acquis les bases pour aller plus loin ? Comment ne pas se perdre dans les détails, aller à l'essentiel ?

Chez Netnco, nous sommes en train de construire nos futurs formations car nous avons compris que cela fait partie de notre ADN de transmettre. Vous découvrirez bientôt nos formations.

Crédits photos : Guillaume Rouffiac et The Climate Reality Project sur Unsplash

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